La vie est longue et l’art est Bref
Jacques Bref a peu de cheveux sur le crâne et un âge dont il ne se souvient jamais. Avec ce genre d’oubli, on peut aisément imaginer où l’artiste met ses priorités, voire son sens des réalités. Quand on y pense, finalement, ne pas se souvenir de son âge, pour lui, s’avère une sorte de bénédiction. Cela laisse dans son esprit un terrain vague traversé en tous sens par des lignes de désir, expression parfaite d’un instinct de flâneur. Un terrain vague où l’herbe, à l’instar des cheveux de l’artiste, se fait rare. Ce qui n’empêche en rien la fécondité du lieu en rencontres fortuites. Un lieu que les esprits sans imagination confondraient sans nul doute avec un dépotoir, une dompe d’images jetables, insignifiantes. Bref, lui, y trouve son compte. Que ce soit par le collage, la peinture ou le dessin, ses œuvres interpellent autant qu’elles font rire. Jaune, la plupart du temps. Bref, c’est un patenteux sensible qui bricole une surréalité brute et révélatrice des travers aliénants de cette chose complètement tordue que nous appelons le réel.
- Rigide Ferraille
Life is long and art is short (Bref)
Jacques Bref has little hair on his head and an age he never remembers. With this kind of forgetfulness, we can easily imagine the artist’s priorities, or even his grasp of reality. When you think about it, not remembering his age is actually kind of a blessing for him. It leaves his mind empty, like a vacant lot, traversed in all directions by axes of desire, the true expression of a loafer's instinct. A wasteland where grass, like the artist’s hair, is rare. Nonetheless, it is fertile with chance meetings. It is a place that less imaginative minds might mistake for a dump, a tangle of disposable, meaningless images. However, it is a gold mine for Bref. Whether through collage, painting or drawing, his works are as challenging as they are humorous. Oftentimes, leaving the viewer feeling vaguely uncomfortable. Bref’s sensitive tinkering results in raw, surreal constructs, which reveal fault lines of alienation running through this twisted thing we call reality.
- Rigide Ferraille